vendredi 8 février 2008

Pale blue eyes ... full of tears


Sad sad sad news, just after the fantastic story of Jerome Kerviel here's another great one from the financial area. I do think it's even worst than the Societe Generale scandal cos' it touched one of my teenage idol, just read this ... and cry on the gool old rock n' roll

For once this article is not in english as it was written by Nathalie Leruch

21h00 devant le Théâtre des Champs Elysées, une foule en costard cravate se presse devant la porte. Tous portent un autocollant bleu et blanc au revers de la veste, on se croirait à une convention pour une mutuelle. BINGO, tous ici font partie de la société Carmignac, une boite qui gère des actions, des actifs, des investissements, des fonds de pensions. Ces gens dont on parle tous les jours dans la rubrique bourse, ceux là mêmes qui vendent les actions Arcelor lorsqu’elles viennent de monter après l’annonce de centaines de licenciements , ou celles de Bouygues quand Nicolas Sarkozy annonce la suppression de la publicité sur la télé publique.

Ma copine et moi entrons par une porte discrète et nous voilà dans le hall du théâtre au beau milieu d’un cocktail richement présenté, champagne, petits fours, grands bouquets d’arômes blancs sur les tables. Les convives sont souriants et s’apostrophent joyeusement dans une ambiance feutrée et chic.
Les invités entrent alors dans la salle, alors que les ouvreuses déverrouillent les loges du balcon avec leurs clés aux VIP de la soirée, afin qu’ils profitent encore mieux du concert.
Nous voilà assises avec ma copine dans une loge aux côtés de deux messieurs bedonnants en chemise blanche et veston noir.

C’est alors que l’incroyable se produit. Lou Reed, lui même, arrive sur scène, entouré de 5 musiciens.
Lou Reed, 66 ans, vêtu d’un jean et d’un tee shirt noir décolleté , ses éternelles Ray ban sur le nez, les cheveux bouclés et bruns comme avant. Lou Reed, le survivant, l’homme de Transformer, de Berlin de Coney Island baby, de Rock’n’roll animal.

Lou Reed, la figure même du rock dans ce qu’il exprime de plus sauvage, de plus rebelle, de plus révolutionnaire. C’est bien lui, je ne rêve pas, lui , l’icône de ma jeunesse, celui qui est revenu de tout et même de l’Heroïne. Lou Reed chante en concert privé devant un public de banquiers.
Et Vlan, il entame justement son concert avec Sweet Jane ! Je n’en crois ni mes yeux ni mes oreilles, Lou Reed chante Sweet Jane devant les rois de la finance, ceux qui font la Une des Echos, de « gestion de fortune « de « mieux vivre votre argent ». Et les voilà qui commencent à onduler au son de « Dirty Boulevard », puis de « Glory of love » et de « Perfect Day » son chef d’œuvre absolu. Lou Reed, lui, est quasi impassible, il chante de sa belle voix profonde et grave, de cette voix qui a transpercé notre adolescence. Il chante mais il ne manifeste aucune émotion. Il est raide comme la justice, il ne prononce aucun mot, aucune phrase entre les morceaux, à part un « I love Paris » du bout des lèvres. Mes deux voisins bedonnants ont tombé la veste, mais ils commencent à trouver le temps long. Alors ils font des commentaires à haute voix : « Allez envoie les gaz !, vas-y lâche tout ! il est mou ! allez vas-y mon gars ». Mais rien à faire, Lou Reed chante des balades, calmement sans ostentation, sans un mouvement de hanche. Rien ne se passe entre lui et ces spectateurs d’un soir, comme des gosses auxquels on aurait offert le gros tracteur dont ils rêvaient, mais qui finalement les déçoit car il ne va pas assez vite à leur goût.
Et puis vient le rappel, un seul faut pas exagérer. Et le vieux Lou se lance dans le « Walk on the wild side » que la salle lui réclamait. Mais qui ce soir, du vieux Lou revenu de tout ou de ces jeunes loups est le plus wild ? Qui marche du côté sauvage de la rue ?..

D’un côté un vieux rocker qui se loue sans vergogne pour un soir à ce public qui incarne à lui seul toute la sauvagerie de l’ultra-liberalisme, de l’autre ces commerciaux satisfaits et fiers d’accélérer chaque matin la marchandisation du monde, d’encombrer le Dirty Boulevard des déchets que produit de l’économie libérale, sans se retourner. Ce soir, lundi 21 janvier, les bourses mondiales ont clôturé avec une baisse historique due à la contamination de la crise américaine des subprimes.

Alors que Lou Reed et ses musiciens viennent de terminer leur dernière chanson, leur tube interplanétaire, et que la salle résonne encore des vibrations des guitares et de la voix sensuelle du chanteur, voilà que se lève un homme de derrière la console de son. Un homme grand aux cheveux gris et mi-longs, élégant dans son costume noir.

Cet homme s’adresse à la salle à haute voix. Tous alors se retournent vers lui arborant un grand sourire de reconnaissance. Je comprends que c’est le patron, Monsieur Edouard Carmignac himself, président Directeur général et fondateur de Carmignac Gestion (http://www.carmignac-gestion.fr/index.asp#). Et il prononce ces mots : « je voulais vous dire à tous, ce soir, que vous ne devez jamais oublier qu’il faut parfois Walk on the wild side !

Merci du conseil Monsieur Carmignac , on y pensera.

Nathalie Leruch

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